La Stratégie du Choc – Naomie Klein [Vidéo]

Naomi Klein en 2007
Source : wikipedia.org

La Stratégie du choc (The Shock Doctrine) est un film documentaire britannique réalisé par Michael Winterbottom et Mat Whitecross, sorti en 2010 en France.

Suite à la publication en 2007 de « La Stratégie du choc« , essai écrit par Naomi Klein, deux réalisateurs (Michael Winterbottom et Mat Whitecross) décident de tourner ce documentaire à l’aide de nombreuses images d’archive.

Le texte original reprend la méthode de « traitement de choc » de l’économiste Milton Friedman, lequel disait qu’après une crise, les hommes politiques devaient imposer immédiatement des réformes économiques douloureuses avant que les gens n’aient pu se remettre de la crise. Ainsi, ils l’accepteraient plus facilement. Naomi Klein a nommé cette méthode la « stratégie du choc ». Elle considère qu’après un choc les individus se voient plongés dans un état de choc et redeviennent comme des enfants, enclins à suivre les leaders qui prétendent vouloir les protéger.

Version youtube du documentaire :

Description de la vidéo :

La thèse exposée par Naomi Klein dans son ouvrage La stratégie du choc est celle d’un processus volontaire de « privatisation radicale des guerres et des catastrophes » depuis les années 1970. Naomi Klein cherche à faire œuvre de doctrine pour le courant altermondialiste. Le libéralisme est dénoncé dans cet ouvrage, avec une mise en parallèle des procédés de torture et des discours de libéralisation économique. Les peuples seraient rééduqués par la force aux vertus du marché : le cas du coup d’état du Chili en 1973 aurait été le ballon d’essai d’une campagne générale orchestrée depuis la célèbre université de Chicago. « Expliquer la Nouvelle Orléans, dit Naomi Klein (p. 31), par l’incompétence et le système de copinage propre à W. » est insuffisant. « En réalité, les exploits de Bush ne sont que le paroxysme monstrueusement violent et créatif d’une campagne vieille de 50 ans en faveur de la liberté totale des grandes sociétés ».
L’ouvrage est composé de 7 parties. Elles suivent une progression historique depuis la formation du programme idéologique et des méthodes de lavage de cerveau dans les années 1950, jusqu’à aujourd’hui. Les étapes retenues sont le coup d’état au Chili (Partie 2), le thatchérisme (Partie 3), Tienanmen (Partie 4), la transformation de la sécurité aux Etats-Unis (Partie 5), la deuxième guerre d’Irak (Partie 6). L’argumentation est essentiellement historique : une clef de déchiffrement de l’histoire récente du monde est proposée à travers l’association des moyens d’isolement sensoriel et de la mise en place d’une économie de marché.

L’entreprise de Naomi Klein n’est pas académique. Il s’agit d’une entreprise militante qui ne distingue pas une revendication d’un moindre interventionnisme public, un abaissement d’une taxe douanière ou une privatisation : crise ou catastrophe seraient une occasion pour avancer les éléments d’un programme « libéral », terminologie vague qui regroupe aussi bien des questions portant sur les échanges internationaux que sur la protection sociale. Cette thèse de Naomi Klein soulève plusieurs questions. La première, factuelle : les conséquences institutionnelles et idéologiques des crises et des catastrophes sont-elles « libérales » ? La deuxième question est celle de l’histoire de la privatisation des guerres et des catastrophes.

La thèse de Naomi Klein nous prédit un renforcement idéologique « libéral » lors des chocs issus d’une crise ou d’une catastrophe. Or, les lendemains de catastrophe sont plutôt réglementaires et interventionnistes : la catastrophe industrielle d’AZF a renforcé la réglementation et accru de 150 le nombre des inspecteurs de sites classés, la crise financière des subprimes apporte chaque jour son lot d’interventions publiques. Naomi Klein avance qu’une plus grande passivité de l’opinion serait la conséquence d’un choc catastrophique : pourtant, les lendemains du tremblement de terre en Chine ont vu des protestations devant la mauvaise qualité des bâtiments scolaires. Les guerres, crises et grandes catastrophes sollicitent les finances publiques, en mettant entre parenthèses les éventuelles convictions libérales des gouvernants en place. Guerre ou catastrophe obligent à penser positivement l’action publique : une pensée de pure soustraction du « moins d’Etat » ne semble pas favorisée par les chocs évènementiels, contrairement à la thèse avancée par Naomi Klein.

Naomi Klein propose une histoire simple de la privatisation des guerres et des catastrophes : celle d’un domaine public démantelé récemment de façon opportuniste par l’influence d’un courant idéologique issu de Milton Friedman sur les gouvernants en place. La situation des crises internationales contemporaines la plus courante est celle d’une population ayant des problèmes sanitaires et d’exposition à la violence sociale de bandes armées incontrôlées. Ces guerres privées auxquelles font face les interventions publiques internationales ne résultent pas d’une action volontaire de démantèlement d’un Etat-Providence, qui n’a jamais existé dans les régions du monde où ces conflits se déroulent. La privatisation de l’humanitaire est, quant à elle, originelle : les secours en matière de catastrophe résultent de la première organisation de la société internationale au dix-neuvième siècle qui a confié à une société de droit suisse, la Croix Rouge, le mandat international de secours aux blessés. Etats défaillants, ONGs : la privatisation des conflits et des crises ne résulte pas d’une croisade « libérale » récente.

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